Voulue par Nicolas Sarkozy, le plan de renouveau de La Défense, qui ne consiste au fond qu’à vendre du "droit à construire" du bureau, est une "boîte à cash" très attendue. Car les tiroirs-caisse de l’EPAD sont exsangues : réhabiliter la dalle, fort ancienne, sécuriser les tunnels et les souterrains, améliorer les circulations, voire même faire renaître le phénix du RER E de ses cendres chaudes représentent aujourd’hui un défi majeur pour lequel aucun financement n’existe.
C’est sans doute d’ailleurs en raison de la rareté des moyens mis à sa disposition que M. Bernard Romain, Directeur Général de Defacto (organisme d’entretien de la dalle de La Défense, l’ancien EPGD), a démissionné récemment. Aujourd’hui les besoins sont immenses (réparation des escalators et des ascenseurs, circulation et signalisation…) et les communes pourtant enrichies par le quartier d'affaires n’envisagent que d’un très mauvais œil l’effort supplémentaire qu’on ne manquera pas de leur demander.
Dans ce contexte de besoin de financement urgent, 2 nouvelles tours sont annoncées sur le territoire de Puteaux. Consacrées uniquement aux bureaux. Car le raisonnement qui vaut pour le Grand Paris (rapprocher l’emploi du logement par le transport) ne vaut surtout pas pour le territoire d’exception qu’est La Défense. On concentre chez nous toujours plus de bureaux, toujours plus loin des domiciles, sans aucune amélioration prévisible des transports.
Je reprendrai dans les jours qui viennent l’analyse des 2 projets qui nous sont présentés avec les tours Phare et Majunga.
Sachez cependant qu’elles vont importer à elles seules, sans tenir compte des autres projets en cours, près de 10% de personnes supplémentaires à La Défense, pourtant saturée aujourd’hui en transport. Il faudrait aux heures de pointe 4 rames supplémentaires pour ne pas congestionner davantage le trafic. C’est mission impossible.
Les travaux vont durer de 3 à 4 ans au moins, entraîner un flux de camions considérable, nécessiter des stockage de matériels de grand volume, détourner la circulation des voitures sur plusieurs années, changer les accès piétons à La Défense (parfois en les supprimant sur plusieurs mois), transformer la dalle en un immense chantier à ciel ouvert bruyant et poussiéreux, convertir en corridors sombres et venteux des zones jusqu’à présent exposées à la lumière, dégrader des conditions d’habitat…
Disons clairement les choses : les élus d’opposition ne sont pas contre le développement de La Défense. Le quartier existe, il a fait ses preuves, il est d’une certaine manière irréversible, il est aussi une belle réussite dont on peut s’enorgueillir.
Mais La Défense ne peut plus avancer et se construire sans les populations et sans contre-pouvoir. Le quartier avance aujourd’hui à couvert, projet par projet, ce qui rend impossible un regard visionnaire et régulateur sur nos quartiers. Rares sont les personnes, les experts, les élus qui peuvent aujourd’hui porter une évaluation globale de La Défense, ses atouts, ses risques, ses contraintes, ses équilibres à trouver.
C’est le rôle que doivent endosser vos représentants politiques : jusqu’où ira La Défense demain ? Que veut-on en faire d’autre qu’un quartier hyper densifié de bureaux ? Comment vos élus défendent-ils vos intérêts ?
Notre Maire, Joëlle Ceccaldi Raynaud, pourtant présidente de l’EPAD, fait des promesses qu’elle ne peut pas tenir. Parce qu’elle ne dirige rien à La Défense. Parce qu’elle se trouve dans un conflit d’intérêts. Les logements autour de la Rose de Cherbourg sont en train d’en faire l’expérience. Ceux des Damiers à Courbevoie ont déjà payé le prix fort. Et ceux des Platanes vont sans nul doute monter au front.
Je n’évoque même pas la Tour Phare, construite sur Puteaux et impactant de façon décisive et durable tout l’environnement des quartiers frontaliers de Courbevoie, alors que le dossier de consultation de la tour n’est présenté qu’à Puteaux…
Nous pouvons encore humaniser La Défense. A condition de se réveiller dès à présent.
Nous attendons des maires de Puteaux et de Courbevoie qu’ils cessent de jouer entre ombre et lumière et de se comporter comme des acteurs de second rang. Ils doivent exprimer clairement et publiquement leur projet pour La Défense, leurs engagements et leurs combats. Ils doivent dire comment ils souhaitent modeler La Défense pour l’avenir de nos villes. Il est essentiel qu’aujourd’hui, ils témoignent enfin d’une pensée politique !
Sylvie
Cancelloni
Conseillère municipale MoDem de Puteaux
Groupe
des élus
MoDem de La Défense
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